rue-des-Carmes-copie.jpgC'est peu de dire que le double-sens vélo qui doit être instauré rue des Carmes inquiète. Il inquiète les piétons, les automobilistes, les commerçants et même une majorité d'élus. Il inquiète comme toute nouveauté a priori dangereuse et qui ne semble bénéficier qu'à une catégorie d'usagers très minoritaires. Essayons de répondre aux principales interrogations :

         1) Aucune concertation préalable avec les habitants et commerçants de la rue : pourquoi ?

 

              La question est à poser à la mairie ! En principe, il est fortement conseillé avant tout agrandissement de zone apaisée, de recueillir les avis des habitants et commerçants du quartier. Même si les avis divergent, on peut expliquer le sens des modifications envisagées et il est assez facile de recueillir un consensus sur la diminution de la vitesse des véhicules. Connaissez-vous un habitant qui trouve que les voitures ne passent pas assez vite dans sa rue ?

 

         2) Des places de stationnement pour voitures seront-elles supprimées ?

 

              Non ! Tout le monde ne peut pas marcher ou pédaler facilement. Les voitures ont aussi leur place. Néanmoins, l'offre de stationnement place de la Paix ou place du Square est abondante et 30 minutes de marche par jour réduisent de 50 % les risques cardio-vasculaires !

 

         3) Les camions pourront-ils toujours effectuer les livraisons ?

 

              Les aires de livraison ne vont pas disparaître au profit des vélos. Mais les livreurs devront être particulièrement prudents pendant les manoeuvres.

 

         4) Les cyclistes vont terroriser les piétons sur le trottoir.

 

              C'est parfois le cas aujourd'hui. Les cyclistes qui ne se sentent pas en sécurité rue Paul Doumer ou rue de la République, on les comprend, empruntent déjà la rue des Carmes à contre-sens, en passant souvent sur le trottoir. La bande cyclable à contre-sens va être tracée sur la chaussée, sans empiéter sur le trottoir. Les cyclistes ne devraient plus emprunter le trottoir. Les récalcitrants s'exposent à des amendes. Il convient néanmoins de relativiser la dangerosité des cyclistes envers les piétons et de rappeler que tous les piétons mortellement accidentés ces dernières années à Aurillac doivent leur triste fin à un choc contre une voiture, en zone limitée à 50 km/h et bien souvent sur un passage piéton.

 

         5) Rouler à contre-sens est très dangereux.

 

              Non, c'est même l'inverse ! Pour qu'un accident se produise, il faut que les protagonistes ne se voient pas, ou trop tard. Dans le cas d'un contre-sens cyclable, automobilistes et cyclistes se font face donc se voient mutuellement, ralentissent et se serrent si nécessaire pour se croiser. Pour qu'un choc frontal se produise, il faudrait que l'automobiliste regarde ailleurs et que le cycliste soit dans la lune. Cette conjonction de facteurs rend ce type d'accident hautement improbable et en pratique, aucun accident de ce type n'est à déplorer. Il est plus dangereux de rouler dans le sens des voitures : le cycliste ne voit pas la voiture qui est derrière et cherche à le doubler. Tout écart pour éviter un trou, une flaque ou une portière peut se solder par un accident grave.

            Pas convaincu ? Alors pensez à une recommandation maintes fois répétée par la sécurité routière aux piétons marchant le long d'une route : marchez à gauche, pour faire face au danger ! C'est même une obligation prévue par le code de la route hors agglomération pour les piétons en groupe (Art. R. 412-42) ou seuls (Art. R. 412-36).

 

         6) Et si une portière s'ouvre ?

 

             A contre-sens, ce sont les portières des passagers situés côté droit du véhicule qui en s'ouvrant peuvent occasionner un accident. Cependant, dans ce sens, les passagers font face au cycliste ce qui limite grandement la probabilité d'accidents. Et surtout, les conséquences d'un éventuel choc sont très différentes : à contre-sens, le cycliste heurte le plat de la portière, qui se referme, alors que dans le sens de circulation, le cycliste heurte le côté tranchant sans repousser la portière. Le danger rue des Carmes est très clairement dans le sens de circulation : il est fortement conseillé aux cyclistes de s'éloigner d'au moins 50 cm des véhicules en stationnement.

 

         7) Les chaînes entre les bornes vont être enlevées alors que la mairie l'a refusé l'été dernier. Pourquoi ?

 

             Après le théâtre de rue, certains commerçants avaient demandé que les chaînes entre les bornes ne soient pas replacées, pour faciliter les déplacements des piétons. Refus de la mairie qui 10 mois plus tard décide de les enlever.

Incohérence ? Non. La vitesse maximale autorisée est pour le moment de 50 km/h et l'absence de trottoir surélevé expose les piétons au danger des voitures : les bornes et chaînes servent de garde-fou. A partir de juillet, le passage en zone 30 et la bande cyclable rendent la rue plus sûre pour les piétons qui pourront plus facilement traverser la chaussée où bon leur semble. Il faut cependant rappeler l'article R. 412-37.du code de la route  : "les piétons sont tenus d'utiliser, lorsqu'il en existe à moins de 50 mètres, les passages prévus à leur intention." Cette règle s'applique aussi en zone 30. Nos voisins suisses ont résolu le problème en supprimant les passages piétons en zone 30. A Aurillac, on ne semble pas prêt à sauter le pas et c'est bien dommage. Un automobiliste doué de raison roule forcément moins vite quand il sait que les piétons peuvent traverser n'importe où.

 

 

         8) Les bornes vont être enlevées côté jardin des Carmes : pourquoi ?

 

              Le retrait des bornes du côté de la bande cyclable s'impose pour éviter que les cyclistes n'accrochent une pédale en frôlant les bornes. C'est aussi un élément de sécurité important si un camion de livraison empiète sur la bande cyclable : le cycliste doit pouvoir s'écarter sur la droite, sans pour autant envahir le trottoir. Faut-il rappeler que la circulation des cycles sur les trottoirs est interdite pour les plus de 8 ans ?

              Mais le retrait des bornes pourrait bien donner envie aux automobilistes de se garer à cheval sur le trottoir et la bande cyclable, "juste le temps d'acheter le pain !". Les services de police devront veiller au respect du code de la route qui bien évidemment interdit cette pratique (Art. R. 417-10).

 

         9) Les double-sens sont peut-être possibles ailleurs mais pas dans la rue des Carmes !

 

          Les double-sens existent à Strasbourg depuis 1983 et ont été depuis largement étendus en France et à l'étranger. Ils sont obligatoires en Belgique depuis 2004 et ils seront obligatoires en France dans toutes les zones apaisées à partir du 1er juillet 2010. Voir Zones apaisées : mode d'emploi

La décision de passer la rue des Carmes en zone 30 rend le double-sens obligatoire, sauf arrêté contraire du maire. Un tel arrêté ne saurait être justifié pour cette rue qui, moyennant des aménagements mineurs et facilement modifiables, permet la circulation des vélos à double-sens.

 

         10) Tout ça, c'est à cause des lobbies cyclistes et des élections !

 

          Les prochaines élections municipales sont une perspective encore très lointaine et ne peuvent pas entraver dès 2010 un travail serein des élus.  Par ailleurs, les élus n'ont pas attendu la création de Vélo-cité 15 pour plancher sur le plan vélo actuellement dévoilé. Enfin, notre association ne défend pas sa cause au détriment des autres usagers de l'espace public. Elle plaide seulement pour un meilleur partage de cet espace dont tout le monde doit pouvoir profiter : les piétons, les commerçants, les enfants du quartier et aussi les cyclistes.

 

         11) Pourquoi faire passer l'itinéraire privilégié par la rue des Carmes et la rue des Forgerons ?

 

           Vélo-cité 15 est opposé à cet itinéraire privilégié pour plusieurs raisons :

 

- les cyclistes susceptibles de joindre les aménagements cyclistes du Conseil Général depuis Conros à ceux vers Saint-Simon sont des cyclotouristes. Ces derniers ne prendront jamais un itinéraire passant par la rue des Carmes et les rues piétonnes.

- Attirer les cyclistes dans des rues piétonnes étroites et très fréquentées comme la rue des Forgerons est une hérésie. Les aires piétonnes sont avant tout pour les piétons ! Les cyclistes n'y sont tolérés qu'à la vitesse du pas, ce qui réduit beaucoup l'intérêt de la bicyclette. Vous avez déjà vu un cyclotouriste partir vers le Pas de Peyrol à la vitesse du pas ?

- l'itinéraire naturel des cyclistes entre Arpajon et Saint-Simon passe par les bords de la Jordanne. Vélo-cité 15 demande depuis sa création que l'itinéraire se poursuive au-delà de la cité Clairvivre en passant au pied de la CPAM (qui semble prête à faire des concessions) par une nouvelle passerelle plus adaptée. L'itinéraire se poursuivrait facilement par le parking Ladoux puis la rue Paul Doumer où une voie pourrait être réservée aux bus et vélos. Le carrefour à feux serait avantageusement remplacé par un mini-giratoire. L'itinéraire se poursuit par le double-sens prévu cours Monthyon puis la rue du Buis.

 

L'itinéraire actuellement privilégié par la mairie ne correspond pas aux besoins des intéressés et va soulever beaucoup de mécontentement dans la population. Laissons aux différents types de cyclistes le choix de leur itinéraire et attendons qu'un véritable réseau cyclable soit disponible avant de baliser certains cheminements.

 

 

 

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